Transcription du discours du Président de la République lors du Forum économique franco-émirien
Mesdames et Monsieur les Ministres,
Monsieur le Président de la Chambre de Commerce,
Monsieur le Président de l’Université,
Mesdames les Parlementaires,
Mesdames et Messieurs, chers amis,
Je veux vous dire combien je suis heureux – et vous venez de le rappeler, Madame la Ministre – d’être à vos côtés cet après-midi, après la journée de travail que vous avez eue, après les semaines de travail qui ont précédé cet événement, et alors même que vous venez, et je l’en remercie, aux côtés de Benjamin GRIVEAUX, le ministre, d’échanger autour de plusieurs tables rondes, de signer plusieurs accords et contrats, et de tenir aujourd’hui ce premier Forum économique franco-émirien.
Aussi, je veux vous remercier, Monsieur le Président de la Chambre de Commerce, d’avoir accepté d’en prendre la coprésidence, et remercier Frédéric SANCHEZ d’en avoir pris la coprésidence française.
Pour commencer, je crois que pour ceux qui sont dans cette région du monde, voir une femme, ministre, qui s’exprime en français comme nous venons de l’entendre est probablement le meilleur des messages possibles.
Nous étions avec vous, Madame la Ministre de la Culture, et le Cheikh ZAYED hier, dans ce magnifique bâtiment du Louvre d’Abu Dabi, et ce que vous faites aujourd’hui ici encore dans ce pays, le message que vous adressez à l’ensemble du monde et ce que nous faisons ensemble est réellement la meilleure réponse possible, la meilleure réponse à apporter à nos jeunes pour rejeter ceux qui proposent la violence, les divisions dans le monde et qui refusent leur propre culture, leur propre civilisation.
Ce que vous avez décidé de faire, ce que vous avez décidé de reprendre à votre compte dans ce pays consiste précisément à créer dans cette région du monde un point de contact entre l’Europe, l’Afrique et l’Asie, au centre du Moyen-Orient. La meilleure façon de rapprocher les cultures, d’échanger entre les civilisations, la meilleure façon d’éduquer notre peuple.
Pour chacun d’entre nous, le défi est de savoir quel avenir nous voulons offrir à notre jeunesse. Une grande majorité de votre population a moins de 30 ans, et le défi pour vous ici dans ce pays, mais d’une façon plus générale le défi de toute la région, est de savoir quel est le monde que nous souhaitons créer pour nos jeunes, et comment éduquer nos jeunes afin qu’ils trouvent leur place et construisent ce monde.
Ce contre quoi nous devons lutter est cette fascination que certains d’entre eux ont pour Daech ou d’autres groupes terroristes qui tuent leurs frères et leurs sœurs au nom d’une religion, trahissant cette religion. Donc pour moi, le projet de votre pays, votre projet économique qui fait écho au nôtre montre que le défi pour nous est désormais de savoir comment défendre la raison, la lumière et le respect des uns envers les autres.
La culture, l’éducation sont une grande partie de ce défi. L’économie constitue un autre élément de ce défi. Développer des relations avec les entreprises, attirer les talents, développer de nouveaux secteurs grâce à l’innovation, développer de nouvelles villes intelligentes, voilà la meilleure façon d’apporter une plus grande ouverture au bénéfice de nos peuples et de mettre en place ce monde dont chacun bénéficiera. Je suis convaincu que c’est ce que nous parviendrons à faire ensemble.
Ce que nous parviendrons à faire ensemble est de la plus haute importance. Le message est bien celui-ci: qu’il s’agisse du Louvre d’Abu Dabi ou de l’université Abu Dhabi, c’est le même ADN, c’est la même bataille. La bataille de l’ouverture, la bataille de l’ambition, celle du succès, celle de la tolérance.
Lorsque j’observe votre pays, je dois dire qu’il y a de quoi être jaloux : une croissance de 4 à 5 %, un taux de chômage de 3,7 %, une balance commerciale positive, un PIB par habitant plus haut que celui de la France et une grande attractivité pour les investissements extérieurs. J’en resterai là, quant à la liste d’indicateurs-clés de performances.
L’Europe est manifestement dans une situation très différente et dans un environnement particulier. Je veux que la France soit votre partenaire, qu’il s’agisse d’un point de vue culturel ou économique. Ensemble avec le Prince Mohammed BEN ZAYED, nous avons décidé de renforcer encore le partenariat entre nos deux pays.Car il est extrêmement important que nous le fassions d’un point de vue géopolitique, d’un point de vue culturel et de civilisation. Nos relations économiques sont également au cœur de ce projet.
Les projets de partenariats que nous envisageons sont d’une très grande diversité.Ce que vous avez évoqué, ce que nous avons signé ensemble aujourd’hui reflète parfaitement la diversité et la force de cette relation. Des projets d’énergies renouvelables de très haut niveau entre EDF et DEWA, ou Akuo Energy et MASDAR. Des projets dans les domaines du pétrole et du gaz avec TOTAL ; un partenariat entre le CNES et l’Agence Spatiale émiratie pour construire un observatoire pour lutter contre le réchauffement climatique.
Dans le domaine du secteur financier, un accord de coopération entre le Centre International Financier de Dubaï et Europlace. Et enfin et surtout, des partenariats historiques dans le domaine aéronautique avec AIRBUS. De nombreuses entreprises présentes ici, comme JCDECAUX ou ENGIE ont également des enjeux en cours importants dans la region. Nous avons enfin signé aujourd’hui une initiative majeure évoquée hier soir avec votre Prince : il s’agit d’une plateforme de co-investissements dans les start-ups et les technologies signee entre MUBADALA et BPI France, portant sur 500 millions d’euros, et d’un fonds d’infrastructure de 500 millions d’euros entre MUBADALA et la CAISSE DES DEPOTS ET CONSIGNATIONS.
Ce sont des co-investissements dans les services, dans les domaines sensibles qui sont ici visés. Je pense que c’est très important de développer cette relation, d’aller plus loin dans ce dialogue, et quand on parle de la BPI, de CNIM, de toutes ces entreprises formidables qui travaillent avec vous sur les terrains, qui mettent en place ces partenariats, il s’agit de créer des liens, de nouveaux liens entre les personnes, de nouveaux ponts, et pour moi, c’est exactement ce dont nous avons besoin. C’est la force dont nous avons besoin entre nos deux pays pour renforcer nos relations, pour avoir de nouveaux projets communs et pour développer de nouvelles ambitions.
Ces liens sont dans le domaine de la Recherche, ils concernent les étudiants, parfois même des touristes, parfois également des rêveurs, des enseignants qui contribuent tous ensemble à cette grande histoire que nous avons déjà su partager.
Nous sommes maintenant à l’aube d’une nouvelle phase. L’Exposition Universelle sera une occasion formidable d’ouvrir de nouvelles perspectives, de lancer de nouveaux projets; vous en avez parlé cet après-midi. Je suis très heureux que notre participation à ce projet ait été signée ce jour en ma présence.
Il s’agit d’un grand projet, vous aviez raison de nous rappeler l’importance de ce type de projet. A juste titre, vous avez rappelé l’Exposition universelle de 1937 à Paris, quelques années avant la guerre. Bien sûr, je ne veux pas établir un parallèle trop long, mais de fait, cela a mené à la construction de nouveaux bâtiments à Paris, mais ce fut également l’occasion pour PICASSO de dénoncer la guerre dans son propre pays : l’Espagne. Ce fut une occasion de défendre la raison, la liberté contre la passion pour la mort.
Et c’est la raison pour laquelle je pense que 2020 nous donnera l’occasion de défendre nos valeurs dans cette région, et de montrer par exemple, la façon dont les nouvelles villes intelligentes peuvent contribuer. Il s’agit d’un projet d’ouverture, de nouvelle mobilité, de nouvelles énergies renouvelables ; nous voulons y participer, et toutes les grandes entreprises françaises veulent être là, veulent participer à cette ambition, cette ambition d’aujourd’hui et celle du rêve de 2020.
Ceci est extrêmement important pour nous, extrêmement important pour moi.Permettez-moi de vous dire en quoi ce projet et votre ambition sont parfaitement cohérents avec ce que nous faisons chez nous.
Notre projet consiste à réformer en profondeur notre pays. Il s’agit de recréer une nouvelle France, qu’elle soit dans une situation de succès dans ce nouvel environnement. Je suis très heureux que vous ayez choisi la France pour créer ce nouveau musée. La France est un pays d’excellence, de culture, d’art, mais sachez également que la France est également un pays d’excellence dans le domaine de l’industrie, de l’énergie et des services.
Et ce que nous réformons dans notre pays, avec les entreprises, avec les entrepreneurs précisément, avec toutes les personnes dans notre pays est un nouveau projet. Il ne s’agit pas d’adapter notre pays à la mondialisation, mais il s’agit de créer une nouvelle ambition pour le XXIème siècle, de mettre en place un nouveau marché du travail totalement adapté à cette nouvelle donne, d’investir 15 milliards sur la formation professionnelle et la formation continue parce que, tout au long de la vie, il s’agit de former de façon continue les uns et les autres pour s’adapter aux changements.
Avec les entreprises, avec celles présentes ici notamment, il s’agit de créer une nouvelle France, notamment dans le domaine de l’énergie et une nouvelle mobilité.Nous étions, au XIXème siècle les leaders en ce qui concerne les villes. Nous voulons l’être à nouveau. Il n’y a pas de raison que nous ne puissions concevoir et réaliser cette nouvelle mobilité. Grâce notamment au secteur numérique et à de jeunes entrepreneurs, nous allons à nouveau fabriquer dans notre pays. Nous développons une industrie qui n’est pas simplement dans le domaine de l’aviation et de la défense, mais il y a effectivement aussi l’automobile, vous l’avez dit, vous l’avez parfaitement rappelé, le virage, le grand virage pris par l’industrie automobile en France.
Mais nous voulons aussi que notre pays soit une référence dans le financement de cette nouvelle économie. Il ne s’agit pas d’être une nouvelle ville, un nouveau « Wall Street » ou une nouvelle « Londres » quelle que soit l’issue de la proposition qui émergera du Brexit ! Non ! Il s’agit d’avoir un nouveau projet numérique avec de nouveaux acteurs dans le financement, notamment de ces nouvelles villes, et que tout cela ait un sens pour nos populations. Parce que dans l’environnement actuel, il n’y a pas d’avenir pour un modèle économique qui ne soit pas inclusif, totalement inclusif pour toute notre population.
Si certains ne trouvent pas leur place, rien ne fonctionnera. Tout le programme de réformes que nous mettons en œuvre porte cette ambition. Il s’agit d’être un nouveau leader, pas pour rappeler, essayer de revenir sur l’Histoire, sur le passé, mais le leader d’un nouveau siècle, pour ces nouveaux défis et pour notre jeunesse.
Et je pense que ce projet est parfaitement cohérent avec le vôtre, avec votre projet dans la région. Et une partie du défi pour nous, pour réussir dans ce projet consiste précisément à éduquer, à former nos jeunes. Il faut que nous nous assurions que ce nouveau modèle leur permette d’avoir une place à l’avenir, à chacun d’entre eux. Il faut que nous nous assurions que cet avenir ait un sens pour chacun d’entre eux.
C’est la raison pour laquelle je suis si fier d’être ici présent, avec nos entreprises ; c’est la raison pour laquelle je pense que votre projet, le projet culturel, économique et de civilisation dans votre région est absolument essentiel.
Je pense, pour ces raisons, que ce projet est le premier d’une nouvelle génération, et j’ai confiance. Je sais non seulement que nous tiendrons d’autres réunions, mais je sais que vous avez des projets concrets à mettre en œuvre, jour après jour, semaine après semaine, mois après mois, que vous nous apporterez de nouveaux projets, une nouvelle ambition pour alimenter cette ambition et cette vision commune.
Je veux que nos pays connaissent le succès ensemble, car je sais très sincèrement que l’ambition que nous avons pour nos pays, pour nos régions, pour le monde, cette ambition est la bonne. C’est une ambition de réussite, de tolérance et d’humanisme.C’est quelque chose que nous partageons.
Il s’agit ici de nos peuples et de notre ambition. J’espère que vous avez compris que je soutiendrai toutes vos initiatives. Je sais que mon homologue, ici, soutiendra également toutes les initiatives françaises. Je dois dire que j’espère que vous n’arrêterez jamais de proposer, de pousser vos projets, d’avoir plus d’ambition encore, année après année, d’ici à 2020 mais au-delà, pour que ce projet devienne réalité, et pour créer notre réussite commune ensemble.