Dans la nuit, les avocats suisses de Mohamed Ayachi Ajroudi ont décidé d’envoyer un communiqué. Pour Foot Mercato, son principal juriste, Marc Deschenaux, s’explique.
Mohamed Ajroudi dans un hôtel à Cannes.
©Maxppp
«M. Mohamed Ayachi Ajroudi souhaite racheter l’Olympique de Marseille». Voilà l’objet du mail reçu cette nuit, à 3h32, par toutes les rédactions de France et de Navarre. Un courriel signé Marc Deschenaux qui en a interloqué plus d’un. Foot Mercato a voulu en savoir plus sur le rôle de ce juriste financier international de la firme de Greenberg, Hornblower, Deschenaux & Partners, LLP dans le processus de vente. Entretien-vérité.
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Foot Mercato : pourquoi avoir décidé de communiquer cette nuit ?
Marc Deschenaux : nous n’avons pas décidé de communiquer cette nuit. nous avons communiqué dans la soirée, il s’est trouvé qu’un informaticien a fait le travail au milieu de la nuit. Cela donne cette impression, mais ce n’est pas le cas.
FM : qu’est-ce qui vous a poussé à le faire ?
MD : c’est le fait que les investisseurs de mon client (Mohamed Ayachi Ajroudi, ndlr) se posaient des questions : “ce que tu nous dis ne correspond pas à ce que disent les journaux”. Mais c’est essentiellement parce que les gens donnent, à mon avis, aux médias une crédibilité qu’ils n’ont pas, excusez-moi pour votre profession. J’ai décidé à ce moment-là de faire ce communiqué de presse pour remettre l’église au milieu du village. Monsieur Ajroudi, pour essayer de comprendre de quoi nous parlons, c’est le sommet des institutionnels au Moyen-Orient. C’est quelqu’un qui gère la fortune de nombreuses personnalités et notamment de certains princes de différents pays. C’est un petit ingénieur qui s’est hissé tout en haut de la chaîne alimentaire. C’est quelqu’un qui par ses inventions en matière d’environnement et de sécurité s’est hissé tout en haut du domaine pétrolier. C’est quelqu’un de crédible.
FM : vous avez été choqué ?
MD : j’ai été extrêmement choqué de la manière dont il a été traité. J’ai trouvé simplement que ça n’avait aucun sens et donc je me suis dit qu’il fallait remettre l’église au milieu du village et il ne fallait pas laisser le fait qu’il n’avait pas forcément fait confiance aux bonnes personnes entacher sa réputation.
FM : aussi, ils ont passé leur temps à se contredire dans les médias…
MD : nous allons être très clair. Quand je suis rentré dans le dossier, il y a quelques mois, on nous a mis en rapport avec des gens, soi-disant, des spécialistes du football. Je reconnais volontiers ne rien connaître dans le domaine footballistique. Mais en une dizaine d’années avec Monsieur Ajroudi, nous avons toujours atteint les cibles et nous avons toujours fait en sorte que les choses aboutissent positivement. Au bout d’un moment, à force de prendre des claques, il est revenu vers sa vieille équipe et nous avons fait le travail. Je pense que les propos et la médiatisation de cette affaire étaient une erreur. Ces discussions ne doivent pas se faire par voie de presse. Elles doivent se faire autour d’une table entre personnes de bonne foi. C’est regrettable qu’un coup aussi médiatique ait été déclenché. Je peux vous affirmer que ce n’est pas du fait de Monsieur Ajroudi.
FM : aujourd’hui, quel est votre rôle dans ce dossier ?
MD : mon rôle, c’est d’aller porter une offre directement, sans passer par toutes les personnes intermédiaires qu’il peut y avoir en France, à Monsieur McCourt. Nous avons des bureaux à New York et nous sommes équipés pour pouvoir joindre Monsieur McCourt, nous avons des amis communs. Nous comptons sur eux pour lui transmettre une offre de manière directe.
FM : vous n’avez eu aucun contact avec eux ?
MD : nous avons eu plusieurs contacts avec l’organisation de Monsieur McCourt, contrairement à ce qui se raconte dans les médias. Je pense que ce qui vient dans les médias est plutôt du fait de Monsieur Eyraud, qui a peur de perdre son poste.
FM : vos contacts avec eux remontent dans le temps ?
MD : les contacts sont relativement récents en ce qui me concerne personnellement. Mais j’ai vu des traces du fait qu’il y avait eu des contacts qui avaient été pris il y a un moment déjà. Le problème, c’est que Frank McCourt fait totale confiance à Eyraud, qui a peur pour son poste et qui dit n’importe quoi. C’est dommage parce que c’est un poste exécutif, c’est quelqu’un de sérieux. Je l’ai vu agir dans d’autres situations. C’est un monsieur que je respecte beaucoup. Mais force est de constater que, en l’état, pour utiliser un terme à la mode, il balance des fake news.
FM : et Frank McCourt dans tout ça ?
MD : Frank McCourt est un homme d’affaires. Quand on lui fait une offre, il répond gentiment. Sauf quand son homme de confiance lui dit “tu ne te rends pas compte, ils ont baissé la valeur de ton club” et qu’il essaye de faire passer mon client, Monsieur Ajroudi, je ne représente pas Monsieur Boudjellal, pour un incapable. Et ce n’est pas vrai. Ce qui a déclenché la médiatisation n’est pas du fait de Monsieur Ajroudi.
FM : les événements récents n’ont pas compliqué les choses ?
MD : je suis d’avis qu’il y a deux solutions. Ou bien Monsieur McCourt fait un chèque. Si on prend le résultat des trois dernières années, on ne peut pas espérer mieux des trois prochaines années compte tenu du Covid-19, de la situation générale de la crise, aussi dans le sponsoring, il faudrait remettre 300 millions. Il a pu acheter le club grâce à différents crédits et notamment un crédit vendeur. Je pense que c’est un peu mal parti pour qu’ils remettent 300 millions pour les trois ans qui viennent. Il a investi, plutôt brûlé, 200 millions pour les achats de joueurs, il n’a pas réussi à rentabiliser. Il peut continuer. Monsieur Ajroudi est peut-être plus solide financièrement et mieux assis pour supporter ce genre de danseuse. Il n’y a pas tout le monde qui peut faire des chèques de 100 millions d’euros par ans et rester tranquille. Monsieur McCourt a de la peine à suivre. Ce n’est pas une critique, mais nous avons un client qui est plus compétent, malgré les erreurs de communication qui ont été faites par son entourage, et qui a les reins plus solides. Il faut savoir ce qu’on veut pour le club.
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